Les lecteurs engloutis

Quand j'ai commencé à travailler, j'ai tenu un blog pour parler du quotidien des profs, de leurs joies et de leurs difficultés. C'était cathartique pour moi de tenir ce journal professionnel, de partager tout cela avec d'autres qui étaient mon reflet. J'ai rencontré par ce biais d'autres blogueuses, qui sont devenues des amies. Mon ancien blog attire encore bien des lecteurs quotidiennement (environ 130 par semaine), ce qui m'étonne au vu des rares visites de celui-ci (une dizaine), ouvert cet été.

Parler de moi à travers mon métier était bien plus "vendeur" que de parler de mon rapport au temps, j'en ai bien conscience. Et puis on écrit d'abord pour soi, bien entendu. Mais j'imaginais sans doute que mes lecteurs auraient eux aussi changé, pris leur part du temps qui passe et se seraient retrouvés ici "comme à la maison". Comme autrefois, sur l'ancien blog, quoi.

Alors, comme j'alimente irrégulièrement "Abolir le temps", je me crée de petites angoisses ridicules sur mon lectorat englouti, sur l'inanité de ce que j'écris, sur le grand vide que l'on cherche à remplir, d'une façon ou d'une autre. C'est comme un engrenage fatal.

ENGRENAGE, subst. masc.
A. Dispositif de transmission d'un mouvement généralement circulaire formé par plusieurs pièces qui s'engrènent.

B. Au fig. Enchaînement de circonstances qui se compliquent mutuellement et dont on ne peut se dégager.

(définitions du TLF)

Comments

[Klaki]

Je n’ai pas encore tes 44, mais le « temps » est déjà très présent dans mes réflexions également