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Abolir le temps
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29 juillet 2019

Amorce et explications

Je chasse des fantômes. Je cours après eux, ces êtres indéfinissables et indociles, depuis longtemps, depuis toujours peut-être. Mes fantômes du passé que je chéris me disent finalement ma peur du temps qui s'échappe. Mes angoisses du futur anticipent mes craintes, mes pertes. J'ai tellement perdu de temps ! J'ai tellement perdu.

Ces derniers temps, des morceaux de puzzle se sont mis en place, subrepticement. Ici, la lecture du roman de Philippe Lançon, là l'exposition photo sur l'oeuvre de Sally Mann, encore ailleurs Proust et Virginia Woolf et le retour d'une amie du passé avec des photographies de mon adolescence... Donc hier, dans les Tuileries emplies d'odeurs propres aux fêtes foraines et aux stands du Tour de France, alors que je venais de sortir du jeu de Paume, j'ai touché du doigt ce autour de quoi je tourne, je virevolte, je danse à pas de loup depuis des années : le temps. Cela peut paraître absolument évident et même enfantin, mais est-ce la quarantaine sonnante, ce milieu de vie -si tout va "bien"- qui m'a amenée à me le formuler ? Je suis l'éternelle nostalgique, de ce que j'ai connu et de ce que je fantasme; je suis l'idéaliste des êtres perdus; je suis celle qui est touchée par les artistes à la recherche de leur propre passé, de leur propre temps, ceux qui tentent de maîtriser le passé pour mieux affronter le présent l'avenir, mieux profiter de l'avenir du présent.

Alors cet espace virtuel sera peut-être celui du temps suspendu (pour reprendre l'expression de Lançon, dont je parlerai sous peu). Il sera au moins celui de ma réflexion sur le temps et la mémoire, ma catharsis vitale, le joli dépotoir de mes angoisses temporelles... J'ignore combien durera ce projet qui est né de mes fluctuations, de mes déambulations plus ou moins récentes.

Depuis l'âge de quinze ans, je pratique la photographie : j'ai eu ma période volets, portes, abîmés par les ans mais il y a aussi mes autoportraits. D'aucuns parleraient sans aller plus loin que le bout de leur nez de narcissisme. Si c'était aussi simple, cela se saurait. Voir le temps qui passe sur mon visage, tenter de me re-connaître, modeler le temps dans mon regard et dans les lieux que j'ai aimés, parcourus, oubliés, chéris, vus se transformer voire disparaître... Visages, paysages, ramages, dites-moi qui je suis.

Tout ce vers quoi je tends, c'est le temps. Alors sur ce qui me reste à vivre, je veux chercher à toucher du doigt le présent, anesthésier le passé et recevoir le futur. Je serai aidée, comme cela a toujours été le cas, par les arts. Si vous souhaitez m'accompagner le long du chemin, soyez les bienvenus.

Tempus fugit, cet assassin, et je demeure, pour parodier Apollinaire et son "Pont Mirabeau".

Pont Mirabeau

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Suis là. Je te suivrai avec plaisir.
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