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Abolir le temps

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15 mai 2020

Déconfinade

Que va-t-il rester de ce temps passé essentiellement chez soi ? Je ne peux pas dire que je l'ai si mal vécu que cela. Je suis habituée à rester à mon bureau, à vaquer à des occupations diverses sans m'ennuyer.

Je n'ai pas eu de prise de conscience particulière, ni décidé de changer ma vie. Prétentieusement peut-être, j'ai toujours su où était l'essentiel. Peut-être lui accordais-je moins de temps, c'est possible. Là, l'occasion m'en a été donné pendant deux mois.

Pourtant, j'ai eu un mal fou à lire. Il paraîtrait que cela est lié aux angoisses : on ne peut pas vraiment lâcher prise dans de telles circonstances.

Que nous restera-t-il de tout cela ? Je me le demande. Le peu que je suis sortie ne m'a pas donné un fol espoir sur la nature humaine et les leçons éventuelles que nous pourrions avoir tirées de cette pandémie.

Alors, tout cela pour rien à l'échelle de l'humanité ? Attendons un peu... Mais j'ai très peur qu'à court terme, cette expérience ratée par le gouvernement actuel ne nous amène dans les filets de l'extrême. Et cela me rend déjà malade.

cri munch covid

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27 avril 2020

De circonstance

"Je ne fais rien, c'est entendu. Mais je vois les heures passer - ce qui vaut mieux qu'essayer de les remplir.

Il ne faut pas s'astreindre à une oeuvre, il faut seulement dire quelque chose qui puisse se murmurer à l'oreille d'un ivrogne ou d'un mourant."

 

Cioran, De l'Inconvénient d'être né, 1973

Cioran

14 avril 2020

En apesanteur

Il est inutile de rappeler tout ce qui a été dit hier soir par le président de la République. Il y a mille interrogations qui émergent, surtout concernant mon métier d'enseignante. Mais je me dois de prendre du recul et de patienter, comme tout à chacun.

Il va falloir réellement agencer le temps pour éviter d'ajouter de l'angoisse à l'angoisse. Répartir les copies, nombreuses, pour ne plus faire l'autruche.

Faire un peu d'exercice chaque soir.

Cuisiner en faisant attention aux calories (l'illustration de ce post ne va pas dans ce sens, I know !).

Cheesecake

Tâcher de lire, vraiment. La concentration est difficile, pour moi comme pour tous mes amis grands lecteurs. C'est surprenant, dans un premier temps, et puis finalement pas tant que cela. Quelle ironie d'avoir enfin du temps pour des lectures plaisir et de ne pas pouvoir lire correctement !

Rassurer ma mère, aussi.

En bref, se donner des cadres illusoires pour ne pas sombrer, d'une façon ou d'une autre.

Mais la douceur d'un quotidien à deux apporte un réconfort sans bornes. J'ai bien conscience de cette chance, que beaucoup n'ont pas.

 

 

 

10 avril 2020

Décomptes de confinement

En cette quatrième semaine de confinement, petit bilan approximatif.

 

Montage confinement

 

Films vus : environ sept.

Livres lus : la moitié d'un.

Musique : Clara Luciani, Mozart, des tubes des années 80, Barbara.

Séries : Breaking bad surtout, Ozark. Ambiance légère et joyeuse, quoi.

Plats préparés : butternut au crumble de noisettes, dal de lentilles, curry de poulet et riz, salades diverses et variées, tarte aux poireaux fondants, filets de limande en deux façons (citron ou chorizo), tartines chaudes de chèvre au miel de thym, nouilles sautées aux légumes variés...

Douceurs sucrées : lemon curd, scones un peu plats, shortbread ratés, gâteau au citron, pancakes, chaussons aux pommes...

Rapport poids/cuisine : ni prise de poids, ni amincissement.

Abdominaux : entre 400 et 450 à chaque fois, donc tous les deux soirs en moyenne.

Ambiance à deux : légère et douce.

Télétravail : approximatif et variable en fonction du fonctionnement de l'ENT et surtout de ma motivation. Grand flou artistique pour le Bac. Et les angoisses qui vont donc avec.

Correction de copies : extrêmement lente, du jamais vu. Un paquet en trois semaines, dans la douleur. Il y en a encore cinq...

Moral : un peu plus lumineux ces derniers jours grâce au soleil mais une foi en l'humanité fort variable. De la colère, aussi, contre le gouvernement qui a abandonné depuis des mois les fonctionnaires, les "petits", les plus fragiles et contre tous ceux qui ont brisé l'hôpital, les services à la personne, et j'en passe.

Le chat : adorable. En mode séduction.

 

30 mars 2020

Décalage

Michel_Serre-Peste-Hôtel_de_ville

Comme il est difficile de croire que dans ce ciel sans nuages, dans les rayons tièdes de ce soleil cinglant, dans cete atmosphère moins polluée, dans cette rue devenue si calme, l'air est vicié, l'air est dangereux !

Sortir de chez soi devient délétère.

La vie sonne de l'intérieur, indubitablement.

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26 mars 2020

Un éternel dimanche

Voici plus d'une semaine que nous sommes confinés sans le dire vraiment. Voici plus d'une semaine que j'ai l'impression de vivre un dimanche sans fin. Jamais tout à fait le même, pourtant.

J'ai lu qu'avec le ralentissement net des activités humaines, des transports et des sorties, le taux de bruits et de nuisances sonores a baissé entre 66 et 80%... Quelle merveille auditive ! J'entends aussi un peu plus les oiseaux, même des tourterelles dans ma rue. Je tente de trouver tous les aspects les plus positifs à cette situation qui risque vite de devenir explosive et insupportable pour beaucoup.

Prendre du recul sur l'actualité est fort difficile. Sous mon toit, nous essayons d'effectuer des ateliers culinaires, nous jouons à des jeux de société ou des jeux en ligne, nous tentons de lire et de gérer les angoisses ponctuelles. Sans compter mon télé travail de fourmi, inutile et essentiel, avec les élèves.

Je suis sortie en courses hier pour la première fois depuis plusieurs jours. Avoir passé le seuil de mon immeuble m'a ôté un poids certain, d'un coup. Malheureusement, comme les marchés étaient annoncés fermés, les gens se bousculaient presque au supermarché du centre ville et cela était anxiogène.

Je me demande bien à quoi ressemblera notre vie après tout cela. J'ai envie de croire en un monde un peu plus juste, moins libéral, plus humain, peut-être. Plusieurs de mes connaissances ou amies travaillent à l'hôpital. J'ai le coeur serré en pensant à ce qu'elles subissent à cause des mesures économiques qui ont écrasé les services de santé ces dernières années. L'essentiel n'est pas dans le CAC 40 mais bien dans les forces vives d'une nation, en premier lieu ce que l'on appelle "le service public", dont je fais partie. Après tout cela, après tous ces morts, après toutes ces crises, les dirigeants sauront-ils faire leur mea culpa et changer quelque peu ce monde ?

Paris-Arc-de-Triomphe-Chris-Morin-Eitner

Photo montage de Chris Morin Eitner (sur Instagram)

19 mars 2020

Comme un temps suspendu

tps suspendu

S'il y a bien une période propice à la réflexion sur le temps, c'est celle-ci. Nous voici plus ou moins confinés, à attendre que le pic de la pandémie passe. A attendre que cette crise sanitaire, économique, sociale, psychologique, épidémiologique, politique, passe.

C'est étrange : par chez moi, on dirait un éternel dimanche. Tout est au ralenti, bien entendu, mais ce sont peut-être les bruits qui me signifient que nous ne sommes pas dans une semaine "normale". Ou plutôt, c'est l'absence de certains bruits qui provoque cela.

J'ai fait la liste de ce que j'aimerais faire et que je ne fais jamais, dans une pure procrastination : nettoyer les filtres de l'aspirateur, détartrer la bouilloire et la cafetière, repeindre un vieux vase en métal, écouter des podcasts, travailler sur des moocs en histoire de l'art, et lire, lire, lire bien entendu. Pourtant, depuis trois jours, je tente de me donner un peu de discipline, comme si je travaillais encore quotidiennement dans mon lycée. En fait, je travaille bien quotidiennement, mais derrière un ordinateur. Les réseaux sociaux entre profs ont été vite saturés. Comme le disait l'un d'entre eux, nous vivons le confinement du travail.

Entre culpabilité et inquiétudes, nous tâchons de poursuivre notre enseignement, dans des conditions techniques fort variables et discutables. Nous naviguons à vue, improvisons, tâtonnons. Il ne faut pas briser le fil qui nous relie à nos élèves, même si certains d'entre eux ne demandent que cela.

On ignore si le Bac va être maintenu. Nous sommes nous-mêmes suspendus à la moindre information, au moindre signe qui nous donnerait un chemin clair à suivre.

Alors, je regarde s'écouler ce temps étrange, nouveau, indécis et j'attends.

 

4 mars 2020

Attente surréaliste

Selon André Breton, "c'est l'attente qui est belle". Qu'en est-il de cette attente lorsque vous passez ici, et que la dernière entrée est toujours la même ?

11 janvier 2020

Egréner le temps

graines

Par définition, mon métier d'enseignante tourne autour de la gestion du temps de façon quasi obsessionnelle : la sonnerie qui marque le début et la fin des cours, le calendrier avec toutes ses échéances (conseils de classe, devoirs sur table, réunions diverses, épreuves du Bac...) et mon propre agenda dans lequel je dissèque chaque heure de chaque jour de cours.

Il existe des jalons, à la fois très répétitifs d'une année à l'autre, mais aussi très rassurants, comme si l'on pouvait toujours savoir où nous en sommes : vacances toutes les six semaines environ; périodes très chargées en décembre, février, mai; juin qui se délite vers le Bac.

Outre cela, chaque heure se compte en cinquante-cinq minutes de cours et cinq minutes de changement de salle, de classe.

Il y a sans doute un côté psycho rigide à tout cela. Ou infantilisant parfois : nos échelons progressent invariablement tous les trois ans, par exemple. Mais pas une fois dans ma carrière je n'ai eu deux fois un salaire identique ! Allez comprendre.

Si j'ai pensé à tout cela, c'est parce que la période du nouvel an me fait toujours le même effet : encéphalogramme plat. Mon nouvel an, c'est le premier septembre, en général. Mon année débute ce mois-là, et non en janvier. L'année civile est donc un leurre pour moi. Quand je dis "l'an dernier", je pense en année scolaire, ce qui déconcerte mes interlocuteurs, bien entendu.

Donc le réveillon de la Saint Sylvestre n'a aucun intérêt pour moi. Je l'ai passé à regarder des séries, comme chaque soir de mes dernières vacances.

 

26 décembre 2019

La durée et le temps

temps qui passe

Je dois patienter presque un mois. Attendre. C'est bien là que l'on comprend que la durée n'est pas le temps. Ce dernier est incompressible, d'une neutralité et d'une régularité métronomique ahurissantes. Le temps est objectif. Soixante secondes qui font une minute et soixante minutes qui font une heure. Vingt-quatre heures qui font une journée.

En revanche, la durée est subjective : elle donne au temps une impression de rapidité ou de langueur, de monotonie ou de fulgurance. Selon que l'on subit ou non le moment, on pense que le temps s'étire, se dilate ou bien qu'il se retrécit, qu'il se compresse. Pourtant, la trotteuse de la montre nous rappelle qu'il s'écoule toujours de la même manière et que rien n'interfère dans son déroulé sempiternel.

Quelle drôle d'invention humaine que la répartition de temps, tout de même : les horloges, les pendules, les montres... Les calendriers et agendas, les plannings... Alors je compte les jours, j'égrène les heures, je regarde l'échéance dans mon agenda et je barre chaque jour qui est passé. Encore vingt-cinq...

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